Espérance du monde

Aujourd’hui, dans la nuit du monde et dans l’espérance,
j’affirme ma foi dans l’avenir de l’humanité.

Je refuse de croire que les circonstances actuelles
rendent les hommes incapables de faire une terre meilleure.

Je refuse de partager l’avis de ceux qui prétendent l’homme à ce point captif de la nuit
que l’aurore de la paix et de la fraternité ne pourra jamais devenir une réalité.

Je crois que la vérité et l’amour, sans conditions,
auront le dernier mot effectivement.

La vie, même vaincue provisoirement,
demeure toujours plus forte que la mort.

Je crois fermement qu’il reste l’espoir d’un matin radieux,
je crois que la bonté pacifique deviendra un jour la loi.

Chaque homme pourra s’asseoir sous son figuier, dans sa vigne,
et plus personne n’aura plus de raison d’avoir peur.

Martin Luther King

Espérer

Espérer, c’est quelque chose de très concret. C’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes éternels. Ce sont bien sûr les actes d’amour. Ce sont eux qui construisent, dans notre monde déjà, l’éternité, le Royaume de Dieu

La vie éternelle permet de prendre notre monde au sérieux. En le regardant pour ce qu’il est. En donnant à chacun sa juste place, son juste poids.

Espérer, ce n’est pas se mentir ou se voiler la face, mais croire que l’amour est plus solide que le reste. Parce que, contrairement à nos ambitions, nos richesses, nos conflits, tout ce qui nous distrait trop souvent de l’essentiel, l’amour a les promesses d’éternité.

Quand le monde qui nous entoure nous fait peur, l’espérance chrétienne ne nous invite pas à attendre que Dieu détruise ce monde-là pour en construire un autre. Elle nous pose une question très simple : comment faire de tout cela une occasion d’aimer davantage ?

Veilleur, où en est la nuit, Adrien Candiard, Eds Cerf

Altruisme

« Nous ne sommes pas chargés d’alourdir la marche des autres, mais de les accompagner avec d’autant plus de bienveillance, de patience et de délicatesse que la route se fait dure pour eux ».

Homélie Mgr Georges Pontier le 5 novembre 2017 à Lourdes

Vaincre l’orgueil

humilitéLa prière du Carême énumère d’une façon très heureuse tous les éléments négatifs et positifs du repentir, et constitue en quelque sorte un aide-mémoire pour notre effort personnel de Carême. Cet effort vise d’abord à nous libérer de certaines maladies spirituelles fondamentales qui imprègnent notre vie et nous mettent pratiquement dans l’impossibilité de commencer même à nous tourner vers Dieu.

La maladie fondamentale est l’oisiveté, la paresse. Elle est cette étrange apathie, cette passivité de tout notre être, qui toujours nous tire plutôt vers le bas que vers le haut, et qui, constamment, nous persuade qu’aucun changement n’est possible, ni par conséquent désirable. C’est, en fait, un cynisme profondément ancré qui, à toute invitation spirituelle, répond :  » À quoi bon ?  » et qui fait ainsi de notre vie un désert spirituel effrayant. Cette paresse est la racine de tout péché, parce qu’elle empoisonne l’énergie spirituelle à sa source même.

La conséquence de la paresse, c’est le découragement. C’est l’état d’acédie, ou de dégoût, que tous les Pères spirituels regardent comme le plus grand danger pour l’âme. L’acédie est l’impossibilité pour l’homme de reconnaître quelque chose de bon ou de positif : tout est ramené au négativisme et au pessimisme. C’est vraiment un pouvoir démoniaque en nous, car le diable est fondamentalement un menteur. Il ment à l’homme au sujet de Dieu et du monde ; il remplit la vie d’obscurité et de négation. Le découragement est le suicide de l’âme, car lorsque l’homme en est possédé, il est absolument incapable de voir la lumière et de la désirer.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est précisément la paresse et le découragement qui emplissent notre vie du désir de domination. En viciant entièrement notre attitude devant la vie, et en la rendant vide et dénuée de tout sens, ils nous obligent à chercher compensation dans une attitude radicalement fausse envers les autres. Si ma vie n’est pas orientée vers Dieu, ne vise pas les valeurs éternelles, inévitablement elle deviendra égoïste et centrée sur moi-même, ce qui veut dire que tous les autres êtres deviendront des moyens au service de ma propre satisfaction. Si Dieu n’est pas le Seigneur et Maître de ma vie, alors je deviens mon propre seigneur et maître, le centre absolu de mon univers, et je commence à tout évaluer en fonction de mes jugements. De cette façon, l’esprit de domination vicie à la base mes relations avec les autres , je cherche à me les soumettre. Il ne s’exprime pas nécessairement dans le besoin effectif de commander ou de dominer les autres. Il peut tout aussi bien tourner à l’indifférence, au mépris, au manque d’intérêt, de considération et de respect. C’est bien la paresse et le découragement, mais cette fois dans leur référence aux autres ; ce qui achève le suicide spirituel par un meurtre spirituel.

Et pour finir, les vaines paroles. De tous les êtres crées, seul l’homme a été doté du don de la parole. Tous les Pères y voient le  » sceau  » de l’image divine en l’homme, car Dieu lui-même s’est révélé comme Verbe (Jn 1,1). Mais du fait qu’il est le don suprême, le don de la parole est par là même le suprême danger. Du fait qu’il est l’expression même de l’homme, le moyen de s’accomplir lui-même, il est, pour cette raison, l’occasion de sa chute et de son autodestruction, de sa trahison et de son péché. La parole sauve et la parole tue ; la parole inspire et la empoisonne. La parole est instrument de vérité et la parole est moyen de mensonge diabolique. Ayant un extrême pouvoir positif, elle a, partant, un terrible pouvoir négatif. Véritablement, elle crée, positivement ou négativement. Déviée de son origine et de sa fins divines, la parole devient vaine. Elle prête main forte à la paresse, au découragement, à l’esprit de domination, et transforme la vie en enfer. Elle devient la puissance même du péché.

Voilà donc les quatre points négatifs visés par le repentir ; ce sont les obstacles qu’il faut éliminer ; mais seul Dieu peut le faire. D’où la première partie de la prière de Carême : ce cri du fond de notre impuissance humaine. Puis la prière passe aux buts positifs du repentir qui sont aussi au nombre de quatre.

Si l’on ne réduit pas la chasteté, comme on le fait souvent de façon erronée, à son acceptation sexuelle, la chasteté peut être considérée comme la contrepartie positive de la paresse. La traduction exacte et complète du terme grec sophrosyni et du russe tsélomoudryié devrait être  :  » totale intégrité « . La paresse est avant tout dispersion, fractionnement de notre vision et de notre énergie, incapacité à voir le tout. Son contraire est alors précisément l’intégrité. Si par le terme de chasteté, nous désignons habituellement la vertu opposée à la dépravation sexuelle, c’est que le caractère brisé de notre existence n’est nulle part ailleurs plus manifeste que dans le désir sexuel, cette dissociation du corps d’avec la vie et le contrôle de l’esprit. Le Christ restaure en nous l’intégrité et il le fait en nous redonnant la vraie échelle des valeurs, en nous ramenant à Dieu.

Le premier fruit merveilleux de cette intégrité ou chasteté est l’humilité. Elle est par-dessus tout la victoire de la vérité en nous, l’élimination de tous les mensonges dans lesquels nous vivons habituellement. Seule l’humilité est capable de vérité, capable de voir et d’accepter les choses comme elles sont et donc de voir Dieu, sa majesté, sa bonté et son amour en tout. C’est pourquoi il nous est dit que Dieu fait grâce à l’humble et résiste au superbe (Pr 3,34 ; Jc 4,6 ; 1P 5,6).

La chasteté et l’humilité sont naturellement suivies de la patience. L’homme  » naturel  » ou  » déchu  » est impatient parce que, aveugle sur lui-même, il est prompt à juger et à condamner les autres. N’ayant qu’une vision fragmentaire, incomplète et faussée de toutes choses, il juge tout à partir de ses idées et de ses goûts. Indifférents à tous, sauf à lui-même, il veut que la vie réussisse ici-même et dès maintenant. La patience, d’ailleurs, est une vertu véritablement divine. Dieu est patient non pas parce qu’il est  » indulgent « , mais parce qu’il voit la profondeur de tout ce qui existe, parce que la réalité interne des choses que, dans notre aveuglement, nous ne voyons pas, est à nu devant lui. Plus nous nous approchons de Dieu, plus nous devenons patients pour tous les êtres, qui est la qualité propre de Dieu.

Et enfin, la couronne et le fruit de toutes les vertus, de toute croissance et de tout effort, est la charité, cet amour qui ne peut être donné que par Dieu, ce don qui est le but de tout effort spirituel, de toute préparation et de toute ascèse.

Tout ceci se trouve résumé et rassemblé dans la demande qui conclut la prière de Carême et dans laquelle nous demandons  » de voir mes fautes et de ne pas juger mon frère « . Car, finalement, il n’y a qu’un danger : celui de l’orgueil. L’orgueil est la source du mal et tout mal est orgueil. Pourtant, il ne me suffit pas de voir mes propres fautes, car même cette apparente vertu peut tourner en orgueil. Les écrits spirituels sont remplis d’avertissements contre les formes subtiles d’une pseudo-piété qui, en réalité, sous couvert d’humilité et d’auto-accusation, peut conduire à un orgueil vraiment diabolique. Mais quand nous  » voyons nos fautes  » et  » ne jugeons pas nos frères « , quand, en d’autres termes, chasteté, humilité, patience et amour ne sont plus qu’une même chose en nous, alors et alors seulement, le dernier ennemi – l’orgueil – est détruit en nous.

Extrait d’Alexandre Schmemann, Le Grand Carême :
Ascèse et Liturgie dans l’Église orthodoxe.
Éditions de l’Abbaye de Bellefontaine, 1977.

Egalité, équité et justice

egalite-equiteL’équité est un sentiment de justice naturelle et spontanée, fondée sur la reconnaissance des droits de chacun, sans qu’elle soit nécessairement inspirée par les lois en vigueur. Ce sentiment se manifeste, par exemple, lorsqu’on doit apprécier un cas particulier ou concret sans se laisser guider par les seules règles du droit. C’est une forme de justice qui prend plutôt en considération l’esprit de la loi que la lettre, pour en tempérer les effets ou la faire évoluer si, comme dit Aristote, « elle se montre insuffisante en raison de son caractère générale ».

L’équité est donc un état d’esprit qui veut aller au-delà de ce qui est juste sur le plan légal et peut dont s’opposer à la loi lorsque celle-ci présente des lacunes ou s’avère inadaptée, voire injuste. L’équité est sous-tendue par un principe de justice non-écrit, antérieur aux lois et supérieur à celles-ci. Il est donc très difficile de définir ce qui est équitable.

En matière politique ou économique, l’équité est le principe qui conduit à corriger des inégalités que subissent des personnes ou des groupes défavorisés (exemple : le commerce équitable).

En matière sociale, une répartition équitable ne correspond pas à l’égalité au sens strict. C’est une « juste mesure », un équilibre, qui permet de rendre acceptable une forme d’inégalité lorsque l’égalité ne serait pas acceptable.

 

source : dictionnaire

C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté

Portrait of French writer Victor Hugo dated of the 1880's. Victor Hugo was born in 1802 and died in 1885. He wrote several masterpieces of the French literature such as "Les Miserables" "Notre Dame de Paris" "Hernani" etc... Hugo was also a member of Parliament elected in 1848 in favor of democracy and went on exile in Spain after the 02 December 1851 coup. / AFP / NADAR

Les paroles me manquent pour dire à quel point m’émeut l’inexprimable accueil que me fait le généreuxpeuple de Paris.Citoyens, j’avais dit : Le jour où la république rentrera, je rentrerai. Me voici.

Deux grandes choses m’appellent. La première, la république. La seconde, le danger.

Je viens ici faire mon devoir.Quel est mon devoir ?
C’est le vôtre, c’est celui de tous.
Défendre Paris, garder Paris.

Sauver Paris, c’est plus que sauver la France, c’est sauver le monde.

Paris est le centre même de l’humanité. Paris est la ville sacrée.
Qui attaque Paris attaque en masse tout le genre humain.

Paris est la capitale de la civilisation, qui n’est ni un royaume, ni un empire, et qui est le genre humain tout entier dans son passé et dans son avenir. Et savez-vous pourquoi Paris est la ville de la civilisation ? C’est parce que Paris est la ville de la révolution.

Qu’une telle ville, qu’un tel chef-lieu, qu’un tel foyer de lumière, qu’un tel centre des esprits, des cœurs et des âmes, qu’un tel cerveau de la pensée universelle puisse être violé, brisé, pris d’assaut, parqui ? par une invasion sauvage ? cela ne se peut. Cela ne sera pas. Jamais, jamais, jamais !

Citoyens, Paris triomphera, parce qu’il représente l’idée humaine et parce qu’il représente l’instinct populaire.
L’instinct du peuple est toujours d’accord avec l’idéal de la civilisation.

Paris triomphera, mais à une condition : c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici, nous ne serons qu’une seule âme ; c’est que nous ne serons qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour aimer Paris, un seul soldat pour le défendre.
À cette condition, d’une part la république une, d’autre part le peuple unanime, Paris triomphera.

Quant à moi, je vous remercie de vos acclamations mais je les rapporte toutes à cette grande angoisse qui remue toutes les entrailles, la patrie en danger.

Je ne vous demande qu’une chose, l’union !

Par l’union, vous vaincrez.

Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.
Serrons-nous tous autour de la république en face de l’invasion, et soyons frères. Nous vaincrons.

C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté.

 

Victor Hugo,

Le 4 septembre 1870, pendant que l’armée prussienne victorieuse marchait sur Paris, la république fut proclamée ; le 5 septembre, M. Victor Hugo, absent depuis dix-neuf ans, rentra. Pour que sa rentrée fût silencieuse et solitaire, il prit celui des trains de Bruxelles qui arrive la nuit. Il arriva à Paris à dix heures du soir. Une foule considérable l’attendait à la gare du Nord. Il adressa au peuple cette allocution;

L’espérance

Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

(Romains 5,5)

L’espérance, vertu héroïque

coeur-aile-2-300x224

L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire qu’un homme puisse remporter sur son âme.

Bernanos