La liberté, le but de l’Esprit du monde

En évoquant d’une manière générale les différents degrés de la connaissance de la liberté, j’ai dit que les Orientaux ont su qu’un seul homme est libre, le monde grec et romain que quelques uns sont libres, tandis que nous savons, nous, que tous les hommes sont libres, que l’homme en tant qu’homme est libre. En même temps, c’est la liberté elle-même qui renferme en elle-même l’infinie nécessité de devenir consciente – car, selon son concept, elle est connaissance de soi – et par là même de devenir réelle. En fait, elle est elle-même la fin qu’elle réalise, l’unique fin de l’Esprit.

La substance de l’Esprit est la liberté. Par là est indiqué aussi le but qu’il poursuit dans le processus de l’histoire : c’est la liberté du sujet, afin que celui-ci acquière une conscience morale, afin qu’il se donne à des fins universelles, qu’il les mette en valeur ; c’est la liberté du sujet, afin que celui-ci acquière une valeur infinie et parvienne au point extrême de lui-même. C’est là la substance du but que poursuit l’Esprit du monde et elle est atteinte par la liberté de chacun. »

Friedrich Hegel (1770 – 1831) La Raison dans l’histoire


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