Articles tagged with: souffrance

Voir la Sainte Face du Christ

Or ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. (Isaïe 53, 4)

Sur le visage de la Sainte Face du Christ vient se dessiner le visage de la souffrance de tant d’hommes, de femmes, de tant de martyrs.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face a découvert peu à peu pourquoi elle portait ce nom de la Sainte-Face. Elle a d’abord contemplé la Sainte Face du Christ, elle l’a regardée, aimée. Un jour, sur ce visage de la Sainte Face, elle a vu se dessiner la sainte face de son père : lorsqu’il avait perdu la raison, qu’il n’était plus maître de lui-même, lorsque dans l’atteinte de sa vieillesse il n’avait plus conscience de lui-même. Sur son visage se dessinait le visage de la Sainte Face du Christ, comme elle se dessine pour nous sur le visage de tant d’hommes bafoués, humiliés, de tant d’hommes et de femmes sur les lits d’hôpitaux, enfermés dans la souffrance.
Oui, Seigneur, en ce Vendredi Saint tu es venu rejoindre la douleur et la sainte face de tous les hommes malades, bafoués, rejetés, meurtris, torturés. Ces visages se superposent sur celui de ta Sainte Face. En te regardant sur la Croix, Seigneur, je sais que ce sont nos souffrances que tu portais, nos douleurs dont tu étais chargé. Tu es venu les prendre sur toi pour nous sauver, pour qu’en toi nous trouvions la guérison et que nos fautes soient pardonnées. En ce jour du Vendredi Saint, tu nous montres, tu nous prouves que tu nous aimes jusqu’à l’extrême (Jn 13,1).

Mgr Jérôme Beau

Si tu le veux, tu peux

Mon tendre maître, tu es bien l’ami véritable ! Étant tout-puissant, ce que tu veux, tu le peux. Et jamais tu ne manques de vouloir, envers ceux qui t’aiment. Que tout ce qui est ici-bas te loue, Seigneur ! Comment faire retentir ma voix dans tout l’univers, pour annoncer combien tu es fidèle à tes amis ? Toutes les créatures peuvent nous manquer : toi qui en es le maître, tu ne nous manques jamais.

Que tu laisses souffrir peu de temps ceux qui t’aiment ! Ô mon maître, quelle délicatesse, quelle attention, quelle tendresse tu montres envers eux ! Oui, heureux celui qui n’a jamais rien aimé hors de toi ! Il est vrai, tu traites tes amis avec rigueur, mais c’est, je crois, pour mieux faire éclater dans l’excès de la souffrance, l’excès plus grand encore de ton amour. Mon Dieu, que n’ai-je de l’intelligence, du talent, que n’ai-je un langage nouveau, pour parler de tes œuvres telles que mon âme les conçoit ! Tout me fait défaut, mon Seigneur. Mais pourvu que tu ne m’abandonnes pas, moi je ne t’abandonnerai jamais…

Je sais par expérience avec quels avantages tu fais sortir de l’épreuve ceux qui ne mettent qu’en toi leur confiance. Tandis que j’étais dans [une] affliction amère…, ces seules paroles que j’ai entendues… ont suffi pour dissiper ma peine et me mettre dans une tranquillité parfaite : « Ne crains rien, ma fille ; c’est moi, je ne t’abandonnerai pas. Ne crains rien »… Et voici qu’à ces seules paroles, le calme se fait en moi, je me trouve forte, courageuse, rassurée ; je sens renaître la paix et la lumière. En un instant mon âme est transformée.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582), carmélite, docteur de l’Église
Vie écrite par elle-même, ch. 25 (trad. OC, Cerf 1995, p. 189 rev.)