Comment sortir de la culpabilité ?

Le mot culpabilité provient du latin « culpabilis », signifiant coupable, mot lui-même issu du terme « culpa » signifiant faute et apparenté au mot « scelus » signifiant crime.

Selon le dictionnaire Larousse, le terme culpabilité est défini comme l’état d’une personne coupable, mais aussi comme un « sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire ».

Qu’elle soit réelle ou ressentie, la culpabilité est un sentiment qui abîme l’être d’une manière plus ou moins forte, d’une façon plus ou moins consciente.
Elle peut-être vue sous différents angles : sous l’angle du vécu intérieur, sous l’angle de la justice des hommes, sous l’angle de la justice divine, etc.

Dans tous les cas, il s’agit du jugement d’une faute, matérielle ou morale, porté par soi-même ou par autrui, dont la conséquence est la culpabilité, qui s’oppose donc à l’innocence.

La culpabilité génère une souffrance consciente ou non, et destructrice qui se manifeste par ces fruits aigres que sont la honte, la rancune, les remords, les regrets, et qui rongent le cœur, au point de s’en rendre malade psychiquement, avec une dépression par exemple, ou même physiquement, avec une maladie, plus ou moins grave.

Tant que l’être reste dans un fonctionnement binaire, il a tendance à se calquer sur la justice extérieure, avec son tribunal qui conduit à la punition, au châtiment qu’il s’inflige à lui-même, et donc sans issue possiblement salutaire, puisqu’il se sent coupable.
En effet, la culpabilité peut faire penser à la justice, qui rend son jugement selon ses propres lois, dans la dualité : innocent ou coupable ?

Si l’inculpé est jugé innocent, il est libre.
S’il est jugé coupable, il est con-damné, et il est mis en prison ou à défaut, il subit une peine.
Damné sous-entend qu’il n’y a pas de rémission possible, à part le remboursement par la peine qui prive de tout ou partie de liberté.
En conclusion, si on se juge coupable, on se prive de la liberté intérieure.

Dans les cas les plus extrêmes on essaie d’occulter et d’oublier au plus vite ce mal-être, par exemple : on anesthésie la douleur par des compensations telles que les achats compulsifs, la nourriture, l’alcool, la drogue, le sexe, etc. On a temporairement l’illusion de croire que le problème est réglé. Quand la souffrance revient, on recommence, de plus en plus, tel le hamster qui tourne sans arrêt dans sa roue. Cela fait penser aux schémas karmiques qui se répètent.
Toutefois, on reste dans l’abîme et dans l’oubli. Et on continue quand même à réclamer une peine, ce qui peut générer une maladie grave contre soi. Certains ne trouvant pas d’issue vont jusqu’au suicide.

Comment en sortir ? Comment d’ailleurs, en sortir vainqueur et grandi ?

– Il faut déjà arriver à identifier cette culpabilité :
La justification est l’un des symptôme révélateurs de la culpabilité : tant qu’on se justifie, c’est qu’on se sent coupable de quelque chose. Cela peut être d’ailleurs un aide précieuse pour identifier la culpabilité quand celle-ci est inconsciente.
Un autre symptôme : la souffrance morale, mal-être intérieur, tel que la déprime, qui est le point de départ, le signal d’alerte, ou le point zéro du processus de transformation, car il réveille l’être de sa torpeur, de son état inconscient, voire de son déni.

– Ensuite, il s’agit de trouver le courage de mettre la lumière de la pensée sur cette culpabilité : en cherchant à comprendre ce qui nous met vraiment mal à l’aise, et en trouvant quelle est cette force de bien, quelle est cette qualité bien présente en soi, ces forces d’innocence, de bien, que chacun porte, et que l’on a reniée en fautant, par peur, par lâcheté, par jalousie, par orgueil ou autre… Le liste n’est pas exhaustive !
L’homme, qui a été créé à l’image de Dieu est à l’origine, profondément bon.
Or, dans l’inconscient collectif, l’homme se sent coupable depuis la chute d’Adam et Eve. C’est pourquoi on entretient l’image que l’homme est par nature mauvais. Il continue à se charger de ses péchés.

– Ce serait oublier la venue du Christ il y a plus de deux mille ans.
Transformer cette culpabilité permet de passer derrière ce mal être ressenti et de découvrir son potentiel créateur, issu des forces d’innocence, que sont les qualités ou les vertus à développer.
On passe alors à un fonctionnement trinitaire en imitant le Christ pour se libérer vraiment :

« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive. »
(Marc, VII- 34).

Extérieurement, le Christ a été jugé et condamné à mourir sur la croix. PUIS il est ressuscité !

La solution, c’est d’imiter le Christ chacun à son petit niveau. C’est la véritable responsabilité qui permet de se relever de sa chute, et de ressentir qu’elle est un mal nécessaire pour se guérir : on se charge soi-même de sa croix.
L’équilibre au centre de l’oubli (la faute inconsciente) et de l’erreur (la faute consciente), c’est la pensée trinitaire , qui conduit à la véritable conscience de soi et qui nous sort de cette pensée collective duelle : on se connaît mieux, grâce à une conscience claire d’un potentiel que l’on peut manifester en bien.

Grâce à la force christique de vouloir s’élever, intervient alors la conscience de soi et avec : la connaissance.

Le Christ a dit sur la croix : « Père, pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ».
« Ils ne savent pas » : s’ils savaient le mal qu’il font, ils ne le feraient pas. Le Christ demande que ceux qui pèchent par ignorance soient pardonnés. L’avantage de savoir, c’est qu’on peut tirer une leçon qui élève et amène au pardon.

1. La première phase de la transformation est la connaissance (aspect pensée), par le processus de la vie intérieure qui permet d’observer sa faute, et d’accéder à la véritable nature intérieure que cette faute a empêché d’exprimer.

2. Au delà de la faute, du mal fait à autrui ou à soi-même, on ressent le péché contre le bien. De cet écartèlement (la crucifixion), naît le repentir(aspect sentiment), qui réclame réparation, compensation et non punition ou châtiment. C’est la deuxième phase, au cœur du processus de transformation avec des pleurs intérieurs de s’être em-pêché d’aller vers son but de vie, et vers son idéal de bien, en cassant son espérance.
En transformant ses passions en saine passion, on accède à sa beauté intérieure et au ressenti du sacré qui émerveille. On se remplit de sentiments purs, on rayonne, et on aspire alors à agir le bien.

3. La troisième phase est la compensation par le don, aspect fraternité, où l’on passe à un acte conscient, (aspect volonté), en demandant pardon à soi, à la personne que l’on a blessée, ou en partageant avec d’autres la leçon qu’on a tirée de l’expérience, et en offrant du même coup la qualité qui s’est révélée.
La leçon devient offrande. On offre le fruit nouveau que l’on a retrouvé en soi : on révèle une partie de son Individualité, de qui l’on est vraiment. C’est le début de la sincérité et de la conscience de soi.

Le processus fonctionne rarement en une seule fois, surtout quand il s’agit de comportements ancrés depuis longtemps. Si au moment de la compensation, on ressent encore de la souffrance, c’est qu’on ne s’est pas totalement pardonné, et donc qu’on n’a pas fait un choix entier du bien.

L’énergie du don sort ensuite de soi, dans la joie de s’être libéré, selon ce qui est prévu dans le plan divin (la vraie justice, la justice divine).
On s’engage vraiment en agissant le bien à partir d’une volonté libre qui amène ensuite à cueillir les doux fruits de l’Esprit Saint.

« Convertissez-vous; que chacun de vous reçoive le baptême au non de Jésus-Christ pour le pardon de ses péchés, et vous recevrez le don de l’Esprit Saint. » (Actes III – 38)

En résumé, le processus du pardon consiste à suivre et à imiter le Christ dans sa passion lors de la semaine sainte et récapitule :
– le choix de se transformer (Christ ou Barabas),
– la responsabilité de ses actes, avec le chemin de la croix à porter et les chutes,
– le renoncement à ses désirs égoïstes jusqu’à « les crucifier »,
– le don de soi au monde par la résurrection ou renaissance, fruit de la transformation,
– qui conduit ensuite, telle une grâce divine, à recevoir le don de l’Esprit Saint (Pentecôte).

En conclusion, comme beaucoup de personnes le savent et le disent : l’important n’est pas de chuter (la faute et la culpabilité), mais de se relever, afin de pouvoir progresser vers son but, de préférence, de bien !

© Rosa Lise


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