Hymne à la nuit

Nuit étoilée, Van gogh
Nuit étoilée, Van gogh

Par-delà je m’avance,
Et c’est chaque souffrance
Qui me sera un jour
Un aiguillon de volupté.
Quelques moments encore
Je serai délivré –
Ivre, je n’étendrai
Dans le sein de l’Amour.
D’une vie infinie
La vague forte monte en moi
Tandis que je demeure
Du regard attaché à toi
Là-bas dans tes profondeurs.

Car sur ce tertre, ici,
Tout ton lustre s’efface :
C’est une ombre qui ceint
D’une couronne de fraîcheur
Mon front.
Mon Bien-Aimé, que ton aspiration
Oh! puissante m’attire
Que j’aille m’endormir
Et que je puisse aimer!
Cette jouvence de la Mort
Je la ressens déjà,
Tout mon sang se métamorphose
Baume et souffle éthéré.

Vivant au long des jours je vais
Plein de foi et d’ardeur;
Avec le nuits je meurs
En un embrasement sacré.

Novalis


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