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Lettre à dame Prudence

La Prudence –(Simon Vouet – 1624) Musée Fabre à Montpellier
La Prudence –(Simon Vouet – 1624)
Musée Fabre à Montpellier

Plus je m’intéresse aux vertus, et plus je découvre combien elles sont liées entre elles et complémentaires. Telles les huiles essentielles des fleurs, chaque vertu m’ouvre l’une des portes de la sagesse pour en saisir la pure essence et m’aide ensuite à l’exprimer pour en exhaler le subtil parfum.
Grâce à vous, en prenant de la hauteur, telle une étoile dans le ciel, je vois ma destinée et je choisis le chemin qui permettra de me réaliser en agissant le bien.

D’autres vertus sont vos amies :
La sincérité me fait saisir la vérité de qui je suis de ce que je veux profondément. La foi augmente ma force intérieure en « catalysant » la sécurité intérieure que vous me procurez.
L’espérance me donne la confiance que mes buts sont déjà atteints.

Et pour que je puisse réaliser ces buts, dame Prudence, vous me montrez les différents chemins possibles afin que je choisisse librement celui du bien.
Vous « m’assurez » le meilleur chemin qui soit pour me rapprocher de mon idéal. Et si le meilleur chemin n’est pas toujours le plus facile, il est celui qui imite le Christ, car il est fait d’amour, de renoncements, de sacrifices et de don de soi. En cela, la tempérance m’aide à résister à ces désirs égoïstes qui voudraient m’écarter du chemin que j’ai choisi.
Voilà pourquoi j’aime tant méditer sur les vertus. Parce qu’elles relient le ciel à la terre, Dieu à l’homme, et l’homme à son âme. Parce qu’elles rendent possible l’avènement de la sagesse sur la terre.

Pardonnez moi dame Prudence si je vous ai si longtemps mal comprise : je voyais les gens dits « prudents » comme étant tout secs, peureux et rébarbatifs dans leur insécurité, pour moi la fougueuse qui étais plutôt à l’opposé dans l’audace, parfois irréfléchie et instinctive.

Ô combien bénie je suis de pouvoir enfin vous comprendre. Désormais je vous vénère car je peux vous percevoir sous votre vrai jour. J’ai besoin de buts concrets pour avancer dans ma vie, et j’ai souvent pris des chemins chaotiques, au point que j’en oubliais parfois le but, en m’égarant sur des chemins de traverses pas toujours recommandables. Vous me préservez de cette déviance que j’ai tant connue et qui consistait à oublier le but pour finir par le remplacer par le moyen.

Oui je me sens bénie des Dieux, car à moi, l’amoureuse de la sagesse universelle, vous indiquez, même à mon humble niveau, comment l’amener dans de sages conditions, concrètement sur terre.
Dans ma destinée, c’est exactement ce que je recherchais et ce dont j’avais besoin en ce moment. Je connaissais le « pourquoi » ; j’ignorais le « comment » et c’est vous qui me l’offrez.
Dame Prudence, vous êtes la Sagesse pratique. Ne dit-on pas que « la Sagesse a pour demeure la Prudence » ? Tout comme les humains ont pour demeure la terre.

Sur terre, un individu prudent m’a définitivement réconciliée avec l’idée que je pouvais avoir de vous : il est réfléchi, empathique et visionnaire. Il sait voir les différents chemins pour en choisir le meilleur. Dans mon monde, cela s’appelle « être un fin stratège ». Il sait prévoir et agir en conséquence, ce qui met les gens en confiance, car il montre de l’assurance et de la sérénité. Il rayonne la générosité, une grandeur d’âme et aussi l’amour qui s’entend même dans sa voix.
C’est comme une invitation à faire les efforts nécessaires pour développer ces potentiels et lui ressembler.
Renoncer à le vouloir pour moi est le sacrifice que j’ai déposé sur l’autel de mon âme. En guise de don, je lui ai simplement offert le parfum de mon cœur : la sincérité m’a permis de lui exprimer ce que je ressentais à propos de ce qu’il est, et il en fut profondément touché dans son être.

Dame Prudence, vous me montrez la meilleure voie pour accomplir ma destinée tout en prévoyant les écueils que j’identifie grâce à mes expériences passées.

Je vous vois désormais autrement, dans votre merveilleuse réalité, et je sais qu’avez vous, j’arriverai à atteindre mes buts. Vous m’apprenez à devenir sage et à amener le bien par le chemin le plus sage qui soit. Ceci m’apporte une espérance infinie… C’est en cela que vous êtes magique.

Ô magicienne parmi les magiciennes, vous êtes la maîtresse du temps. Votre magie me permet de pré-voir, en voyant le futur qui vient vers moi. Nombreux sont ceux qui aimeraient voler votre pouvoir.

Avec Prudence, le chemin qui était serpenté devient le droit chemin des Justes !

© Rosa Lise


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