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L’unique commandement du Christ

 

« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » (Jean XV, 12-13)

Voilà le seul commandement laissé le Jeudi Saint par le Christ, lors de son discours d’adieu à ses disciples, après la Cène, et avant de se laisser saisir au Jardin de Gethsémani. Le Christ, comme Il l’a dit lui-même, n’est pas venu pour abolir la loi du Père, mais pour l’accomplir. Les lois de Moïse doivent désormais être remplacées par ce seul commandement. On peut dire qu’il contient à lui seule toute l’essence des Évangiles : l’Amour et la Liberté. Ce message est aussi à l’intention des civilisations à venir, il est universel.

Après avoir lutté contre la mort dans le Jardin de Gethsémani, le Christ peut se laisser arrêter par les soldats, pour poursuivre sa mission sacrificielle, pour sacraliser l’incarnation et la mort. Le vendredi saint, après la Passion du Christ, et les étapes du chemin de croix, l’amour sacrificiel a œuvré sur le Mont Golgotha.
La compassion est le partage de la souffrance, un baume d’amour offert à celui qui souffre.
C’est ainsi que le Christ nous a aimés.
C’est ainsi que l’être en quête se demande ce qui le fait souffrir.

« Aimez-vous les uns les autres »

Si la phrase s’arrête ici, elle nous laisse dans le passé des liens du sang d’avant la venue du Christ. Le Christ apporte à l’humanité la capacité de passer des liens du sang aux liens en Esprit, en étant capable d’entrer en relation et d’aimer un « étranger » autant qu’un frère.
Pourquoi et comment aimer d’autres personnes que les siens ?
Quand il entre vraiment en relation avec autrui, l’individu accepte de laisser de côté ses préjugés, ses a priori, afin de transcender son ego, pour écouter, accueillir, donc donner de soi.
Par conséquent, le fait de se poser cette question amène déjà un effort de pensée. Pour nous y aider, le Christ nous offre le mode d’emploi dans la deuxième partie de la phrase :

« Comme je vous ai aimés »

Le « comme », placé au centre de la phrase est fondamental. Il fait appel à la pensée (pour se poser des questions) et à la connaissance profonde du modèle d’amour laissé par le Christ, son histoire, son enseignement, ses actes, dont le plus grandiose : sa mort-résurrection. Le Christ nous a offert son modèle du sacrifice ultime, qui représente pour nous le sacrifice de notre égoïsme, en renonçant aux liens du sang, à l’affect égoïste, à nos préférences.

« Nul n’a plus d’amour que celui qui engage sa vie pour un ami. » (Jean XV, 3)

L’engagement signifie l’acte sacré accompli pour un ami ou des amis.
Les premiers êtres humains à avoir imité Christ dans l’engagement sont ses disciples, puis ceux qui sont devenus ses apôtres. L’engagement le plus proche de celui du Christ est en effet l’apostolat.
L’acte de sacrifice du Christ, pour l’humanité, sa création, commence lorsqu’Il s’est s’incarne en Jésus. Sa Passion, et même sa com-passion se manifeste physiquement à partir du moment où Il est arrêté dans le Jardin de Gethsémani. L’engagement se termine, pour ce qui est de l’accomplissement total de sa mission terrestre, lors de la Pentecôte, alors qu’Il envoie l’Esprit-Saint, afin que chacun puisse révéler qui il est au sein de la communauté universelle des hommes. Vient ensuite l’Ascension où le Christ retourne vers le Père, une fois sa mission accomplie.

Les amis du Christ

Jean le Baptiste fût le premier a engager sa vie pour son ami le Christ, jusqu’à la mort et même sans nul doute, au-delà.
Marie-Madeleine engagea aussi sa vie pour son bien-aimé, en renonçant à le vouloir pour elle. Par la pensée, par la connaissance et la compréhension du Christ, elle reconnu pleinement la divinité du Christ. Elle purifia et éleva ainsi son sentiment. Grâce à cela, elle pu s’élever aux liens au Esprit, devenant « l’héritière de la Lumière », parce qu’elle avait beaucoup aimé…
Marie, toute sa vie durant, puis lorsqu’elle est au centre des disciples lors de la Pentecôte. Totalement pure, elle représente le sang pur et éternel du Christ, présent dans la coupe humaine, formée par les disciples, réunis pour accueillir l’Esprit Saint, et l’amour universel.
L’engagement se manifeste ensuite par l’évangélisation réalisée par les apôtres du Christ, qui sont capables de « parler en langues » à tout étranger, grâce au langage universel du cœur.
Paul nous montre l’archétype de celui qui témoigne de la présence du Christ en Esprit, près de nous, sans l’avoir rencontré lors du passage du Christ sur terre. Paul est le modèle de conversion, de foi et d’engagement de celui qui a vu le Christ ressuscité.

Tel un passage de relai, Jean le Baptiste a annoncé la venue du Christ sur Terre, et il en fut témoin. Marie-Madeleine connu le Christ de son vivant, dans sa réalité, et fut la première à le voir ressuscité le dimanche saint. Puis Paul fut témoin de la présence du Christ après son Ascension. Il est précurseur de ceux qui, tels les mystiques, ont rencontré intérieurement le Christ, et dont le témoignage et l’engagement ne repose que sur leur foi et sur leur vécu.

Comment vivre et manifester le commandement du Christ ?

L’être se révèle d’abord à lui-même, c’est à dire dans son cœur pour connaître sa « fiche de mission », son but de vie sur terre.
Ensuite, il scelle intérieurement son engagement, envers lui-même, envers les frères de sa communauté spirituelle s’il en est, et envers son ami le Christ, auquel il voue toute sa vie.
Enfin, il agit concrètement par amour, pour manifester son engagement sur terre et accomplir la mission qu’il a acceptée.

Les dieux des obstacles mettent sur sa route des défis, des épreuves pour qu’il se renforce en apprenant l’art du combat. Grâce à cela, il se libère peu à peu du karma, inscrit dans sa vie depuis l’enfance.
Le Fils, le Verbe incarné sous le nom de Christ, est le Deux dans la Trinité, c’est à dire la relation. En ce sens, le Christ est un modèle parfait pour apprendre ce qu’est la vraie relation, des liens en Esprit, la relation fraternelle.
Le commun des mortels a l’illusion d’entrer en relation avec les autres, en autres grâce à la voix, les gestes, bref la communication. Le summum de l’illusion de la relation est la communication virtuelle, via les nouvelles technologies, qui symbolise le rejet massif de la véritable entrée en relation.

Pour retrouver ce qu’est la relation vraie avec autrui, il s’agit d’abord d’accepter de voir le rejet de la relation. Accepter de voir ce mal anti-christique en soi, et qui se manifeste par le refus de recevoir et de donner. Ce mal date de l’enfance et même d’avant : de la sensation d’être coupé des autres (depuis la Chute). C’est découvrir ensuite profondément toutes ses croyances fausses (ou mensonges qu’on se raconte) sur l’amour : que l’amour n’est pas possible sur terre, qu’il n’est pas digne d’être aimé, que l’amour fait souffrir. En effet, la roue de l’affectif fait sans cesse passer du désir, au plaisir, puis à la souffrance, puis au désir etc.

Vouloir se libérer de cette roue signifie d’oser quand même d’entrer en relation et accepter de se confronter à ses propres faiblesses.
Le défi est de transcender consciemment ses croyances en ressentant que l’être humain est profondément bon. Il s’agit d’éveiller sa part divine, de lui donner de la place et de la substance en soi, grâce à la vie intérieure. De reconnaître aussi sa propre valeur individuelle face à l’autre, de la comprendre, la cultiver.
Nous pouvons donc nous sentir digne face à l’autre, et donc un peu plus digne face à la bonté parfaite du Christ.
En faisant l’effort de dépasser son égoïsme à chaque fois qu’il se lève, l’être ressent l’amour en lui et il apprend à aimer les autres, c’est à dire entrer en relation, en s’oubliant pour donner l’amour émanant de lui. Il entre ainsi véritablement en contact avec le cœur de l’autre, sa sensibilité, ceci afin de le comprendre, pour mieux l’aider. Il sacralise alors la relation, car celle-ci trouve sa base et sa raison d’être dans le principe du Fils.

De même, accepter de vivre le défi de la relation amoureuse, rend actif intérieurement, car notre amoureux nous remet toujours en question, aide à maintenir notre cœur ouvert au quotidien, et permet donc une meilleure ouverture aux autres et à la vie, car nous identifions mieux leur aspect christique, donc par amour, nous respectons mieux leur liberté.

Enfin, le vécu de la relation vraie, permet de vivre au sein d’une communauté fraternelle, basée sur le partage et l’entraide, au service d’un but commun élevé.

Aimer comme le Christ, c’est l’essence même de l’être humain, c’est la plus belle chose qui soit.

C’est la base de toute relation et, c’est le fondement même, le centre de toute communauté spirituelle, et par extension, de la société humaine. C’est l’avenir de l’humanité.
Penser, puis agir librement cet amour ensemble, dans l’harmonie, c’est marquer une empreinte pour notre futur.
Donner, c’est agir librement par amour.
Donner de soi, c’est être capable de s’engager à dépasser son égoïsme afin de pouvoir donner sa vie pour un ami.
Le sacrifice du Christ est en cela le modèle le plus élevé qui soit.

© Rosa Lise


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