Ô homme, regardes, vois de quel amour tu es aimé

Nativité à Notre Dame de Paris 2014
Nativité à Notre Dame de Paris 2014

Regardez cet enfant dans la crèche, ce nouveau-né, et voyez de quel amour vous êtes aimés.
Voyez de quel amour vous êtes aimés : un nouveau-né, un enfant, Dieu fait homme.
Merveilleux conseiller, prince de la paix.

Voyez la grandeur de Dieu qui se donne dans ce petit enfant.
Voyez la toute puissance de l’amour qui vous est livrée, dans ce petit enfant.
Voyez la force de la paix, il est dans ce petit enfant tout uni à Dieu le père.
Voyez l’amour dont l’homme est aimé : Dieu s’est fait homme.
Voyez la grandeur, l’immensité de l’amour pour chacune et chacun d’entre vous.

Dieu s’est fait homme en ce petit enfant, nouveau-né, dans la crèche de Bethléem, il y a un peu plus de deux mille ans, à un moment donné de l’histoire du monde.

Peut-être me direz-vous, mais quel est ce pouvoir ? Que peut faire un nouveau-né dans l’histoire de l’humanité ?
Il a changé le cours de l’histoire, il a changé votre vie, il a changé la mienne, parce que devant ce nouveau-né, nous savons que devant la tentation, la force du pouvoir, de la domination, de la violence ; et rappelons-nous, la violence d’Hérode, la violence d’Hérode qui a peur de ce nouveau-né !
Ce tyran, Hérode, a peur de ce petit enfant de la crèche de Bethléem. Le grand tyran, celui qui écrasait, qui tuait, voilà que cet enfant lui fait peur et qu’il massacre les saints innocents lorsqu’il apprend sa naissance. Pourquoi a-t-il donc si peur, ce tyran ? Pourquoi cet homme, comme tant d’autres, homme de pouvoir, assoiffé du pouvoir, voulant tenir le pouvoir pour soi-même, pourquoi a-t-il peur de l’amour qui vient de naître ?

Peut-être sait-il inconsciemment que l’amour peut tout, que l’amour croit tout, que l’amour endure tout, que l’amour est plus fort que la tyrannie, que le pardon est plus fort que la violence, que le don de soi-même est plus fort que tout ce qui veut ramener à soi.

Peut-être a-t-il deviné que la puissance de l’amour est la puissance qui soulève, qui relève et qui transforme le monde, parce que la puissance de l’amour qui se donne est justement cette puissance qui vient transformer l’humanité.

Regardez cet enfant nouveau-né de la crèche, c’est Dieu fait homme. L’amour même, Dieu qui est amour, l’amour qui s’est incarné.
Regardez l’humilité de notre Dieu, qui s’est fait humble, dans la chair de notre chair, mais la force de ce Dieu, qui dans la mort, de ce Fils bien-aimé Jésus-Christ va relever le monde en le ressuscitant et en nous donnant la vie éternelle.

Voyez de quel amour vous êtes aimés.
Dieu s’est fait homme. Dieu a épousé la nature humaine. Et désormais, entre lui et vous, entre lui et tout homme, c’est l’histoire d’une alliance, c’est l’histoire d’une épousaille, c’est l’histoire d’une union : Dieu a épousé l’homme.
Dieu s’est fait homme. L’amour a pris chair de notre chair.

Ô homme, reconnais ta dignité. reconnais ta grandeur, reconnais que tu peux être debout et fier d’être homme, car tu portes en toi l’amour même de ton créateur.
Tu portes en toi la force même de celui qui a créé le monde, de celui qui pardonne et qui sauve.
Tu portes en toi la vie éternelle.
Mais ô homme, en reconnaissant ta dignité, reconnais ta responsabilité.
Porter cette union avec Dieu, porter cette dignité, c’est assumer la responsabilité de désigner, de manifester l’amour même de Dieu.

Cet amour qui renonce au pouvoir pour le service.
Cet amour qui renonce à la vengeance pour le pardon.
Cet amour qui renonce à l’amertume en recevant la miséricorde.
C’est la responsabilité même, alors de l’homme, qui est celle d’aimer, d’aimer son prochain son prochain comme soi-même, parce qu’il porte en lui l’amour de Dieu.

Ô homme, regardes ce nouveau-né dans la crèche.
Accepteras-tu de te laisser aimer par ce nouveau-né ?

Oh évidemment, si je pose la question en théorie, accepterez-vous de vous laisser aimer par ce nouveau né ? Jésus, Dieu fait homme ? Vous me répondrez sûrement oui, enfin je l’espère. Je le souhaite pour votre bonheur.

Mais pourquoi est-ce si difficile de se laisser aimer. Pourquoi sommes-nous parfois si avides de faire, plutôt que de laisser l’amour nous saisir, nous traverser, nous rejoindre ?

Aujourd’hui, devant ce nouveau-né de la crèche, il nous faut accepter de nous laisser aimer. Par cet amour qui croit tout, qui peut tout et endure tout.

Aujourd’hui, entre le ciel et la terre, Dieu s’est unit à l’homme.
Aujourd’hui, l’homme est porteur de Dieu, porteur de la dignité.

Mais surtout, cette union entre Dieu et l’homme, elle est, et elle s’exprime par une joie étonnante.
Rappelez-vous la joie de Jésus et Jean-Baptiste le jour de la Visitation de Élisabeth et de Marie : la joie de l’homme qui rencontre cette alliance, la joie de l’homme qui découvre qu’il est aimé d’un tel amour, qu’il ne fait plus qu’un dans l’amour de Dieu.
Cette joie de se savoir porté, aimé, réconcilié.

Alors effectivement, rien, pas même la souffrance, pas même la violence d’Hérode ou d’autres tyrans d’aujourd’hui, rien ne pourra jamais, pas même les trahisons, pas même les défaites, pas même les échecs, pas même le péché : rien ne pourra vous séparer de la joie qu’il y a à découvrir que Dieu qui vous aime s’est uni à vous, pour que vous puissiez porter la dignité de cet amour et y percevoir le sens de la vie dans la joie et le bonheur.

Que cette union soit pour vous la plénitude de la joie qui est de reconnaître la beauté de notre Dieu invisible qui se donne aujourd’hui à voir dans le trait de ce nouveau-né de la crèche de Bethléem.

Il est enfant de Dieu et enfant des hommes, il est Dieu fait homme, il est pour chacun d’entre nous la révélation de notre vocation d’homme : devenir enfant de Dieu.

Ô homme, regardes, vois de quel amour tu es aimé, vois l’amour dont tu es aimé dans les bras ouverts de ce nouveau-né de la crèche de Béthléem.
Ô homme, découvres de quel amour tu peux aimer, de quel amour tu peux semer le bonheur et la joie, en te laissant saisir par les bras de ce nouveau-né de la crèche.

Alors tu pourras toi aussi, ouvrir les bras et porter cet amour et cette joie au monde.

Homélie Noël, le 25 décembre 2014 à Notre-Dame de Paris
par Mgr Jérôme Beau


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