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Simone Weil, une philosophie de la Libération

Simone Weil, une philosophie de la Libération par Marc Ballanfat (auteur de « Simone Weil ou le combat de l’ange contre la force »).

Il existe schématiquement deux positions distinctes du problème de la liberté : soit on pose son existence comme un point de départ, «l’être humain est libre», soit on la situe au terme d’une activité, «l’être humain se libère». Simone Weil adopte manifestement la seconde approche, tant il est vrai que son combat vise à libérer les individus de l’empire de la force. Or, la découverte des spéculations indiennes sur la délivrance marque les dernières années de la philosophe, ce qui signifie, du point de vue d’un indianiste, que son parcours personnel rencontre ici les sotériologies de l’Inde, selon les quatre perspectives ouvertes par sa réflexion. Tout d’abord, il s’agit pour elle de démontrer que la force forme la nature même des rapports sociaux, comme son analyse de la machine sociale le lui enseigne. Ensuite, elle explore la nature idéologique de la langue politique pour en conclure que les idoles de la force conservent, depuis l’Iliade, leur pouvoir de fascination. De plus, son expérience de l’usine la persuade que l’oppression économique marque les corps et les âmes des travailleurs et qu’il faudrait les en libérer. Quand Simone Weil choisit enfin de devenir l’Ange mystique pour se libérer définitivement de la Force, elle ne ferme pas les trois autres voies. Au contraire, elle a toujours conscience de situer sa méditation sur le même plan, celui de l’oppression, pour laisser chaque individu libre de penser au chemin de sa libération.

– 4ème de couverture-

France Culture, Le journal de la philosophie par François Noudelman, 4 avril 2012


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