L’expression populaire « être rouge comme une pivoine » signifie qu’un individu a été dévoilé dans sa vérité nue. Le mot « pivoine » veut dire : « rose de Pentecôte ». Elle fleurit à l’époque de la Pentecôte, en mai-juin. La pivoine symbolise la sincérité, elle s’épanouit généreusement, en délivrant un parfum délicat, elle est accueillante et généreuse, comme les roses de la Pentecôte, les roses du but de la sincérité : la vérité, être vrai.
Origine de la sincérité
Le Christ a envoyé l’Esprit-Saint sur ses disciples, ou Esprit de Vérité, le jour de la Pentecôte. L’Esprit-Saint est le 3ème aspect de la Trinité. Les langues de feu éclairent les individus de la vérité pure, pour qu’ils sachent ensuite répandre la parole du Christ, « emplie de don de soi et de vérité » (Jean 1, 14) dans le monde.
Si dans le Nouveau Testament, le mot « sincérité » n’apparaît qu’après la Venue du Christ, dans les mots de Paul, c’est probablement parce qu’elle est la clé incontournable du chemin christique : car avec la sincérité, l’être se ressaisit pour être vrai, ce qui ne laisse aucune chance à l’ego. C’est pourquoi l’ego déploie tant d’énergie pour écarter l’individu du discernement, pour le noyer dans des désirs futiles, pour l’éloigner de son but de vie.
Parmi les vertus, la sincérité est certainement la championne par excellence questionnement par lequel surgit la saine curiosité de vouloir à tout prix connaître la vérité, issue la sagesse des Dieux…
L’insincérité
L’insincérité est comme une médaille à deux faces : l’inauthenticité et l’hypocrisie.
Dans l’inauthenticité, apparaissent les faux semblants pour plaire, le but spirituel est oublié, ou bien il est resté un « vœu pieu », ou un « vieux peu », c’est au choix ! C’est jouer le rôle que l’autre semble attendre pour se sentir aimé. Ce sont les beaux sourires, la séduction, le paraître au lieu de l’être, l’envie de posséder autrui, le besoin de s’y attacher. Cela finit par amener selon les humeurs et les situations : de l’apitoiement, de la rébellion, du chantage affectif, des compromis par refus de sacrifier ses désirs égoïstes et ses attachements.
Il peut y avoir derrière de la mélancolie dans le mauvais sens du terme, c’est à dire un laisser aller, une sorte de nonchalance qui va se traduire par des compensations en réponse aux désirs égoïstes pour colmater les brèches qui font souffrir l’ego : ces compensations sont des vampires de temps et d’énergie qui éloignent l’individu de ses vrais buts.
L’assurance tout risque de l’ego, qui coûte très cher, c’est notamment l’orgueil, qui lui fait nier l’existence du mal pour ne pas voir le mal en soi, pour ne pas se sentir concerné : c’est certainement la meilleure protection de l’ego, mais c’est aussi un très bon indice de flagrant délit d’insincérité, quand ce genre de pensée surgit.
L’hypocrisie est plus « hard » : elle arrive dare-dare quand toutes les cartouches de l’inauthenticité ont été épuisées. Elle a pour source la culpabilité, le sentiment d’être indigne, le dénigrement et la honte inavoués. Elle a pour origine également une grande insécurité, quand se lève le voile de la honte, ce masque qui sépare les individus dans ce genre de relation insincère.
Insécurité et honte de quoi ? D’être différent du commun des mortels, d’être mis au ban de la société et montré du doigt, tout goudronné et couvert de plumes, comme dans les BD de Lucky Luke. Cela fait sourire, mais il n’empêche que ceci n’est pas sans rappeler les railleries qu’a subi le Christ lors de Sa Passion, ou les persécutions des premiers martyres chrétiens : serait-ce des réminiscences ?
Le cercle non pas vertueux, mais vicieux, amène à la trahison, la tromperie, le pouvoir sur autrui (ou la soumission), la méfiance dans les relations, l’agressivité, jusqu’à la destruction. Cela peut conduire au reniement de soi, donc du Christ, comme le fit Pierre au moment de l’arrestation du Christ. Son exemple montre aussi l’espérance, puisqu’il s’est rédempté et qu’il a été la pierre sur laquelle le Christ à construit son Église.
La sincérité
Entre l’inauthenticité et l’hypocrisie, il existe bien entendu la voie du milieu : ouf !
Il ne s’agit pas de rester au milieu, entre, c’est à dire en bas, car cela serait un très mauvais compromis. Non il s’agit de se hisser en haut, au dessus, par l’élévation de la conscience, qui va nous sortir de la soupe de l’ego, pour nous mener, dans ce cas de figure, à la sincérité.
Comme nous l’avons vu, la vertu de la Sincérité est très relationnelle, elle permet d’émaner son individualité dans un témoignage juste et guérissant pour autrui.
Elle permet d’établir une relation vraie, authentique, où il est possible d’assumer son identité vraie et d’en être digne, en se souvenant de son but, ce qui est certainement la meilleure parade pour ne pas re-chuter.
La sincérité nous met dans une vulnérabilité (à ne pas confondre avec fragilité) qui touche autrui par sa force de rayonnement, tout en créant comme une aura de protection, c’est une force de nature yin ou féminine. Elle procure une parole bienveillante, tout en étant conscient et concentré sur son but, en toute simplicité, et avec humilité.
Les qualités de base sur le chemin spirituel sont l’humilité et le courage, et elle sont nécessaires pour être vraiment sincère. Ainsi, avoir le courage d’oser entrer dans une relation vraie avec autrui, en acceptant les bons comme les mauvais retours, c’est faire preuve d’humilité, c’est une parade fraternelle au mal.
Une autre qualité est essentielle pour entrer en relation correctement, c’est la confiance. La confiance, c’est se «con-fier», «se fier avec». La confiance, c’est la foi, qui se prolonge jusque dans les relations. S’il y a un ressenti de peur ou d’insécurité, cela suscite de la méfiance, par oubli de la foi. Quand la peur d’autrui est paralysante, la solution peut être d’oser se défier en bravant cette peur, en allant vers les autres, en les accueillant intérieurement, sans préjugé ni crainte : le tout est d’avoir confiance dans les situations qui sont prévues pour nous par plan divin, sage et bienveillant par nature, et d’avoir confiance qu’elles sont bonnes, même si elles sont désagréables pour l’ego, afin d’avancer dans notre destinée. Cela demande donc de renoncer à vouloir tout contrôler et d’accepter les situations qui se présentent comme un jeu.
Le Je de la vérité
Pour s’entraîner, et changer un peu du jeu de l’ego, qui consiste à rassembler les pièces de l’ego pour créer le monde du «personnage ego», il existe un autre jeu très intéressant : c’est le Je de la vérité.
Mais qu’il y a –t-il à gagner ?
Suspense… Nous le saurons plus tard.
Regardons déjà quelles en sont les règles du jeu :
Comme l’allégorie de la vérité nue sortant du puits, au milieu des deux larrons, et le miroir à la main, il s’agit de faire appel à l’Esprit de Vérité, en discernant les deux formes de mal pour trouver la Vérité au centre, et en se demandant inlassablement :
« Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je vis cela ? » Dans le prolongement, cela consiste donc aussi, avant de parler ou d’agir, à se demander : « est-ce moral ? »
Le jeu de la vérité, c’est se poser les bonnes questions, pour apprendre à sortir la tête hors de l’eau du monde de l’illusion, telle la grenouille qui sort du marécage quand il fait beau, ou mieux, tel le scorpion qui s’élève et devient aigle pour s’approcher du soleil.
Voici quelques exemples à appliquer jusque dans le comportement, afin de trouver la vérité au centre:
Séance d’entraînement :
- Au-dessus de la dualité « inauthenticité » et « hypocrisie », jaillit la vérité au centre : la « sincérité » ;
- Au dessus de la dualité « récompense », et « punition », jaillit la vérité au centre : la « grâce » ;
- Au dessus de la dualité « orgueil » et « honte », jaillit la vérité au centre : la « dignité »
- Etc.
Pratiquer ce jeu, c’est se sauver soi-même en sortant de l’immoralité. La vérité est au centre, et quand elle se manifeste à travers soi, elle devient : fidélité à qui l’on est, donc dignité.
Bref, elle devient sincérité ! La vérité du Je, c’est le bien issu de soi à l’état pur que l’individu ose montrer, qui émerveille et qui touche autrui, en tant que beauté morale, en tant qu’exemple de pureté, « modèle de vertu ».
En effet, la Sincérité rayonne la beauté de la vérité pure, de la vérité à nu. C’est la vérité au centre en réponse au « pourquoi », qui dans l’idéal, amène ensuite autrui à se demander : « mais comment fais-tu pour être ainsi ? », « comment puis-je être comme toi ? » et qui peut susciter l’aspiration de prendre le même chemin pour atteindre tel ou tel but.
Rayonner le bien à l’état pur, c’est rayonner le divin.
Jouer au jeu de la vérité, cela revient donc à toujours chercher toujours la vérité au centre et au-dessus, pour trouver la pensée universelle qui va individualiser la pensée. Il y a discernement des formes de mal qui rendent duel pour trouver le bien à révéler. Ensuite, l’appliquer à soi-même, dans sa vie quotidienne, c’est changer de comportement.
Le premier prix
A force de pratiquer le jeu de la vérité, il arrive nécessairement un jour où le choix se présente clairement dans sa vie, dans ses actes : «Qu’est-ce qui est le plus important : protéger mon ego, ou révéler les desseins de mon être divin?»
L’ego a peur d’une mauvaise réputation si le Je se révèle, il a peur d’être rejeté. Il a tout à fait raison ! Cela craint en effet pour lui, car tel est le jeu de la vie, c’est le jeu de l’évolution christique, où le Je joue au chat et à la souris avec l’ego.
Certes, le Je est unique, mais il n’est pas pour autant seul, car fort de sa foi et de sa confiance dans le monde divin, le Je ne peut jamais être seul.
C’est un sacrifice progressif et salutaire, car il en va de la révélation de soi :
« Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jean 8,32)
Tel est le message du Christ : retourner sa pensée vers le monde spirituel, nous élève à la vérité et libère notre esprit de la matière, pour notre salut.
Tel est le premier grand prix du jeu de la vérité, offert par le Christ, et sponsorisé par dame Sincérité : c’est le magnifique prix de la liberté.
Et ce bien n’a pas de prix !
© Rosa Lise