« 1 Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l’enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ;
2 elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l’enfantement.
3 Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d’un diadème.
4 Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s’apprête à dévorer son enfant aussitôt né.
5 Or la Femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; et son enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son trône,
6 tandis que la Femme s’enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu’elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours.
7 Alors, il y eut une bataille dans le ciel : Michel et ses Anges combattirent le Dragon. Et le Dragon riposta, avec ses Anges,
8 mais ils eurent le dessous et furent chassés du ciel. […]
13 Se voyant rejeté sur la terre, le Dragon se lança à la poursuite de la Femme, la mère de l’Enfant mâle.
14 Mais elle reçut les deux ailes du grand aigle pour voler au désert jusqu’au refuge où, loin du Serpent, elle doit être nourrie un temps et des temps et la moitié d’un temps.
15 Le Serpent vomit alors de sa gueule comme un fleuve d’eau derrière la Femme pour l’entraîner dans ses flots.
16 Mais la terre vint au secours de la Femme : ouvrant la bouche, elle engloutit le fleuve vomi par la gueule du Dragon.
17 Alors, furieux contre la Femme, le Dragon s’en alla guerroyer contre le reste de ses enfants, ceux qui gardent les commandements de Dieu et possèdent le témoignage de Jésus.
18 Et je me tins sur la grève de la mer. »
Chapitre 12 de l’Apocalypse, Bible de Jérusalem, Les Éditions du Cerf
Dans le cinquième sceau de l’Apocalypse, la femme vêtue de soleil est enceinte de l’enfant Christ, dont elle est prête à accoucher.
Jacob Böhme, Vladimir Soloviev ou encore, Serge Boulgakov, parmi d’autres, la surnomment « Sophia » (Étym. sagesse), ou encore « Divine Sophia ».
J’imagine la Sophia en tant que sagesse manifestée, la beauté créatrice des mondes en l’origine, (le zodiaque, les planètes, les étoiles).
Dans certaines représentations, elle symbolise l’Europe avec ses étoiles dorées et la couleur bleue de sa robe.
Sophia nous montre le ciel et ses étoiles, ce vers quoi nous devons regarder : notre futur.
Dans la représentation du 5ème sceau, elle a la lune sous les pieds, elle la montre du doigt. Cela représente le diable rédempté.
Et au dessus de sa tête, la couronne d’étoiles représente le zodiaque, qu’elle montre également avec l’autre main .
Le dragon représente Satan à rédempter. Il a sept têtes portant chacune un diadème. C’est la part animale en soi, couronnée des sept péchés capitaux, qui veut s’emparer de l’âme de l’humanité, de l’enfant-Christ. Le dragon a aussi dix cornes (aspect rigide, dur). C’est donc bien la tentation de Satan par rapport aux corps physique et aux instincts.
Sophia protège son enfant et défie le dragon en lui montrant qu’elle a déjà rédempté Lucifer et qu’elle ira jusqu’au Zodiaque.
Elle ne semble pas apeurée par le monstre, mais sereine. Michaël l’aide en cela, pour ne pas que l’humanité, par sa pensée duelle, sombre dans ses instincts ou dans sa pensée froide.
Cette image contrebalance en quelque sorte celle du Paradis perdu : c’est en cédant à Lucifer que l’humanité a chuté, expulsée de l’Éden : grâce à ses efforts en rédemptant Lucifer, elle reconquiert ce Paradis, en en sortant grandie.
© Rosa Lise