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La vie et l’enseignement de Paul de Tarse

Avant-propos

Nous retrouvons en grande partie dans les Actes des apôtres du Nouveau Testament une synthèse de la biographie de Paul, ainsi que dans certains passages de ses Épîtres. De nombreux éléments ont été également repris ici à partir de l’ouvrage d’Emil Bock : « Saint Paul, le devenir du christianisme », Eds Iona.

Dans sa vie, bien que Paul ait eu accès directement au Christ lors de sa conversion, nous pouvons considérer qu’il a mis réellement en pratique l’essence de sa foi lorsqu’il a compris, par l’expérience de la communauté d’Antioche, que la loi finissait par s’opposer au Christ.
Quatorze ans après la Conversion, il est arrivé à intégrer le passage de la loi à la foi : quand il a voulu réellement modifier et redéfinir le fonctionnement des communautés, en accord avec les autres apôtres, Pierre et Jacques, eux-mêmes qui étaient attachés à la loi et qui la pratiquaient.

Sommaire

La vie de Paul
La relation directe de Paul avec le Christ
Paul témoignant de sa vie intérieure
La mission et le but de Paul
Comment Paul a universalisé le christianisme
Les difficultés au sein des communautés
Le rapport des communautés avec le monde

L’ enseignement de Paul
– « Pas moi, mais Christ en moi »
Le but des chrétiens
Le rituel de la Cène
Les effets de la foi

Conclusion

La vie de Paul

La relation directe de Paul avec le Christ

Paul avait un lien direct avec le Christ. Il serait illusoire de croire qu’après sa conversion sur le chemin de Damas, il ait créé seul son enseignement et qu’il soit allé évangéliser au hasard. Sa relation privilégiée avec le Christ est citée plusieurs fois dans le Nouveau Testament, et c’est ainsi qu’il a pu définir clairement sont but, après l’avoir compris et fait sien.

La conversion de Paul, Murillo
La conversion de Paul, Murillo
  • Paul à Corinthe : « Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : « Sois sans crainte, continue de parler, ne te tais pas. Je suis en effet avec toi et personne ne mettra la main sur toi pour te maltraiter dans cette ville, un peuple nombreux m’y est destiné. » Paul y demeura un an et six mois, enseignant la parole de Dieu. » (Ac. 18 /9-11)
  • Paul s’expliquant devant la foule des juifs de Jérusalem et récapitulant son histoire depuis l’origine :
    « De retour à Jérusalem, alors que j’étais en prière dans le Temple, il m’arriva un jour de tomber en extase et je vis le Seigneur qui me disait : vite, quitte Jérusalem sans tarder, car ils n’accueilleront pas le témoignage que tu me rendras. Je répondis : Mais Seigneur, ils savent bien que c’est moi qui allais dans les synagogues pour faire mettre en prison et battre de verges ceux qui croient en toi (..). Mais il m’a dit : Va, c’est au loin, vers les nations païennes que je vais, moi, t’envoyer. » (Ac. 22 /17 – 21).
    « La nuit suivante, le Seigneur se présenta à Paul et lui dit : Courage ! Tu viens de rendre témoignage à ma cause à Jérusalem, il faut qu’à Rome aussi tu témoignes de même. » (Actes 23/11)
  • Paul en mer vers Rome, avant le naufrage s’adressant à l’équipage pendant la tempête :
    « Mais à présent, je vous invite à garder courage : car aucun d’entre vous n’y laissera sa vie; seul le bateau sera perdu. Cette nuit même en effet, un ange de Dieu et que je sers s’est présenté à moi et m’a dit : sois sans crainte, Paul; il faut que tu comparaisses devant l’empereur et Dieu t’accorde aussi la vie de tous tes compagnons de traversée ! Je fais confiance à Dieu : il en sera comme il m’a dit. Nous devons échouer sur une île. » (Ac. 27 /22 -26)

Paul témoignant de sa vie intérieure

  • L’expérience de Damas, en tant qu’expérience intérieure : « Il a plu à Dieu de manifester son fils en moi  » (Gal. 1/15)
  • Sa foi en la capacité humaine, grâce à la force du Christ en soi, à dépasser la loi de la nécessité, qui fausse la vision de la réalité :
    « La loi de l’esprit de vie qui est dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort… Si Christ est en vous, le corps meurt à cause du péché, mais l’esprit est vivant à cause (de la justice, c’est à dire) du retour à la réalité vraie ». (Rom. 8 /2 et 10)
  • Sa foi pleinement incarnée lui permet d’affirmer cette fameuse phrase qui le caractérise, tant elle résume en quelques mots son histoire, sa vie, et sa mission. Sa foi lui permet de dire :
    « Non pas moi, mais Christ en moi« . (Gal. 2 /20).

Emil Bock indique que les trois premiers mots « non pas moi » traduisent la conscience de la maladie (générée par la soumission à la loi et au péché) , les mots suivants celle de l’action du « médecin » qui, dans les profondeurs de l’être, fait pencher la balance du côté de la vie, au cours de combat entre la vie et la mort où nous sommes engagés. En ce sens, avec la « foi » est apparue une force, un principe universel nouveau, qui n’existait pas et ne pouvait pas exister avant l’événement du Golgotha ! Cela ressort très clairement de la vison paulinienne du Christ.

La mission et le but de Paul

Quand Paul, prisonnier à Césarée, témoigne devant le roi Agrippa de sa rencontre avec le Christ ressuscité, nous en apprenons davantage qu’au début des Actes sur sa mission:

« Voici pourquoi en effet je te suis apparu : je t’ai destiné à être serviteur et témoin de la vision où tu viens de me voir ainsi que des visions où je t’apparaîtrai encore. Je te délivre déjà du peuple et des nations païennes vers qui je t’envoie pour leur ouvrir les yeux, les détourner des ténèbres vers la lumière, de l’empire de Satan vers Dieu, afin qu’ils reçoivent le pardon des péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés, par la foi en moi. » (Ac. 26 / 16 – 18)

Le but est net et précis : Paul sera l’apôtre des païens, des Nations c’est à dire du reste du monde. Sa mission est d’universaliser la révélation de « Christ en moi », il témoignera de la foi en Christ qui délivre du mal pour aller vers la lumière. Déjà dans le but, nous savons qu’il sera nécessaire de se confronter aux forces des ténèbres.
Lors de ses adieux aux anciens d’Éphèse, Paul reformule lui-même son but, nous sentons qu’il l’a intégré, car il est rempli d’amour. Nous ressentons la puissance de son engagement, proportionnelle à la force de l’impulsion christique qu’il a reçue :

« Je n’attache d’ailleurs vraiment aucun prix à ma propre vie ; mon but, c’est de mener à bien ma course et le service que le Seigneur Jésus m’a confié : rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu ». (Ac. 20 / 24)

Dans sa lettre aux Romains, il va même plus loin en exprimant son haut idéal, un but très élevé, qui est aussi le but ultime de l’humanité :

« Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu : livrée au pouvoir du néant – non de son propre gré, mais par l’autorité de celui qui l’y a livrée-, elle garde l’espérance, car elle aussi sera libérée de l’esclavage de la corruption, pour avoir part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu. » (Rom. 8/19 -21 )

Comment Paul a universalisé le christianisme

  • En voyageant pour créer de nouvelles communautés, par la prédication, d’abord en Orient, puis en Occident, selon ses choix inspirés, en sachant toujours s’adapter aux public qu’il rencontrait :

« Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre. J’ai été avec les Juifs comme un Juif, pour gagner les Juifs, avec ceux qui sont assujettis à la loi, comme si je l’étais – alors que moi-même je ne le suis pas – , pour gagner ceux qui sont assujettis à la loi; avec ceux qui sont sans loi, comme si j’étais sans loi, – alors que je ne suis pas sans loi de Dieu, puisque Christ est ma loi – ; pour gagner ceux qui sont sans loi. J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver sûrement quelques-uns. Et tout cela je le fais à cause de l’Évangile afin d’y avoir part« . (1 Co 9, 19-23)

  • En organisant les communautés, et en les guidant, sur place ou par ses écrits, nous retrouvons là tout l’intérêt de son érudition.
  • En dispensant aux disciples les dons de l’Esprit par le Baptême du feu.
  • En instituant la pratique du culte chrétien, l’Eucharistie, qu’il a reçue du Christ, au sein des communautés, car avant lui, la pratique était plutôt approximative :

« Que chacun s’éprouve soi- même avant de manger ce pain et de boire cette coupe; car celui qui mange et boit sans discernement le corps de Seigneur mange et boit sa propre condamnation. » (1 Cor. 11/28 -29)

  • En pratiquant l’entraide fraternelle par la collecte de dons, pour la communauté-mère de Jérusalem avec Pierre et Jacques à sa tête, alors que la ville traversait une période de famine.
  • En accueillant l’aide des esséniens qui étaient disséminés dans toutes les régions où ont germé les premières communautés chrétiennes, et qui mettaient à la disposition de Paul des « chambres hautes », comme le Cénacle, pour permettre aux chrétiens de se réunir et de pratiquer leur culte.

Les difficultés au sein des communautés

Dans les communautés, les deux formes de dérives se manifestaient selon de l’origine des disciples : Emil Bock précise que la piété juive, avec son caractère doctrinaire et moralisateur, se reflétait dans l’excès de rigueur des formes de sa vie cultuelle, alors que, d’une manière générale, la vie cultuelle des païens manifestait une vitalité plutôt débordante et manquait de forces formatrices et de rigueur intérieure.

Avec les Corinthiens, nous voyons Paul tenter de faire naître, du chaos menaçant, un ordre, une harmonie supérieure, usant à la fois d’une sage tolérance et d’une fermeté impressionnante, en raison des charismes particuliers de païens dont les âmes étaient réceptives et malléables à l’extrême.
Les lettres de Paul servaient à indiquer ses recommandations concernant des problèmes ponctuels ou plus profonds. Il donnait ses conseils pour les prédications, et reformulait clairement son enseignement sur la circoncision, l’adultère, la lutte contre la loi des sens et du mal.

Face aux débordements qui pouvaient se produire au sein des communautés, nous voyons Paul tour à tour en colère, compatissant ou attristé. L’harmonie de la vie au sein des communautés lui tient particulièrement à cœur, car il ne souhaite pas que les dons de l’Esprit reçus par les disciples, soient détournés dans ce qu’il appelle la chair, c’est à dire l’égoïsme.

Dans ses Épîtres, il parle également des femmes qui doivent être « soumises ». A notre époque, Paul passe souvent pour un misogyne. Le problème est que les traductions ne tiennent pas compte du contexte de débauche qui était monnaie courante dans le paganisme. Une telle confusion mériterait que soient repris les textes d’origine, pour les replacer dans leur contexte, et approfondir son enseignement concernant le Féminin, qui est certainement plus élevé que ce que veut bien dire la traduction œcuménique. Paul acceptait bien sûr, les femmes pour servir les communautés (les diacresses). Au début de ses lettres, en signe d’amitié et de reconnaissance, il cite même certaines femmes, qui l’ont accueilli lors de ses voyages.

Le rapport des communautés avec le monde

Dans ses lettres, Paul répondait également aux questions qui se soulevaient sur le rapport des communautés avec le monde, en fonction du vécu, des peuples, du contexte. Il leur recommandait l’exemplarité pour être irréprochables vis à vis de l’autorité en place.
Il soutenait et encourageait les membres des communautés dans leur prédications, compte-tenu des persécutions qu’ils subissaient et des obstacles qu’il rencontraient.
Emil Bock note ainsi que Paul galvanisait et transformait l’étincelle du courage lié à la foi en une certitude à l’échelle de l’univers :

« Vous n’êtes pas soumis à un esprit de servitude, qui vous occasionne une crainte après l’autre. C’est l’esprit de la filiation qui vous est donné… Je pense que toutes les difficultés et les souffrances des temps présents sont peu de chose en regard de la puissance lumineuse de la réalité spirituelle qui veut se manifester à nous« . (Rom. 8 / 15-18)

Nous y trouvons là encore, le génie de Paul dans sa capacité à discerner les problèmes, les analyser et leur trouver des solutions, avec tant de cœur :

« Aussi est-ce en pleine difficulté et le cœur serré que je vous ait écrit parmi bien des larmes, non pour vous attrister, mais pour que vous sachiez l’amour débordant que je vous porte. » (2 Cor. 2 /4)

Les persécutions vécues par Paul

Lors de ses prédications, Paul retrouvait toujours sur son chemin les deux formes de persécutions, pour l’empêcher d’accomplir sa mission. il se trouvait face :

  • aux pharisiens dans le « péché » par excès, à propos de la loi et de la venue du Messie,
  • aux sadducéens dans le « péché » par défaut, à propos de la Résurrection, puisque très matérialistes, ils ne croyaient pas qu’un corps physique puisse ressusciter.

Jusqu’ici, bien que souvent emprisonné, roué de coups, lapidé etc. Paul, accompagné de la grâce divine et de l’encouragement du Christ, parvenait toujours à sortir de ces situations.
La confrontation a atteint son point culminant quand les deux formes de persécutions se sont associées contre Paul, à un moment où il se trouvait à un tournant décisif dans sa mission : aller vers l’Europe. A Jérusalem, Paul comparait devant le Sanhédrin. Volontairement, il réussit l’exploit de diviser les pharisiens et les sadducéens, en témoignant du Christ ressuscité :

« Frères, je suis pharisien, fils de pharisien, c’est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis mis en jugement. Cette déclaration était à peine achevée qu’un conflit s’éleva entre pharisiens et sadducéens et l’assemblée se divisa. » (Ac. 23 /6)

Le procès fut remis à plus tard. Entre temps, le Christ vient l’encourager :

« La nuit suivante, le Seigneur se présente à Paul et lui dit : Courage ! Tu viens de rendre témoignage à ma cause à Jérusalem ; il faut qu’à Rome aussi tu témoignes de même. » (Actes 23/11).

Redoublant de colère contre lui, les juifs préparent un attentat contre Paul. Le gouverneur Félix le transfère alors à Césarée pour sa protection. Une mort prématurée l’aurait empêché d’aller en Europe, à Rome et en Espagne pour accomplir pleinement sa mission.
A Césarée, face au gouverneur Félix, il s’explique :

« Voici ce que je reconnais : je suis au service du Dieu de nos pères selon la voie qu’eux qualifient de secte ; je crois tout ce qui est écrit dans la Loi et les prophètes et j’ai cette espérance en Dieu – et eux aussi la partagent – qu’il y aura une résurrection des justes et des injustes ». (Ac. 24 /14 -15).

Ainsi, le gouverneur Félix, à l’époque de Paul, ne trouve rien à redire contre Paul, si ce n’est qu’il est gêné par les agitations que suscitent les chrétiens dans les villes.
Écoutant le Christ, Paul trouve un moyen pour aller à Rome malgré sa captivité. Étant citoyen romain, il en appelle à l’Empereur pour être jugé devant lui. Plus de deux ans après, Paul parvient à rejoindre Rome après de nombreux périples, tout en trouvant encore le moyen d’évangéliser ça et là…

L’enseignement de Paul

« Pas moi, mais Christ en moi »

Paul était un maître de la rhétorique classique, pourtant il refusait d’utiliser cette compétence lors de ses prêches : « Afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 2,5). Sauf quand il se fâchait… (2 Co 10-13).
La mise en pratique de la loi de Dieu, c’est à dire la foi, dans l’esprit de Paul, implique un travail intérieur :

« Ce ne sont pas en effet ceux qui écoutent la loi qui sont justes devant Dieu; ceux-là seront justifiés qui la mettent pratique. Quand les païens, sans savoir naturellement ce qu’ordonne la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux mêmes, eux qui n’ont pas de loi. Ils montrent que l’œuvre voulue par la loi est inscrite dans leur cœur; leur conscience en témoigne également ainsi que leurs jugements intérieurs qui tour à tour les accusent et les défendent. » (Rom. 2 13 – 15)

Paul ne se lasse pas d’adresser l’appel aux âmes humaines :

« Aspirez à des dons supérieurs. Et je vais vous montrer une voie qui les dépasse tous. » (1 Cor. 12/31)
« Eveille-toi, toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’éclairera ! »
(Eph. 5/14).

Comme le dit Emil Bock : le mystère qui était caché depuis tous les siècles et depuis toutes les générations, il l’a révélé à ceux qui se consacrent à Lui. Il a voulu leur faire connaître la richesse de la gloire, de la lumière rayonnante qui peut émaner de ce mystère parmi les peuples du monde : « C’est que le Christ en vous, c’est l’espérance même de toute gloire« . (Col.1/26-28).

Et ce n’est qu’à travers l’homme que la « gloire » du Christ peut agir dans le monde.
L’appel à l’éveil de Paul nous semble adressé à nous-mêmes tant il est actuel :

« … Vous connaissez la gravité de l’heure : c’est le moment d’émerger du sommeil ; car à présent le salut est pour nous une réalité plus proche qu’aux débuts de notre foi. La nuit se termine, le jour est là. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière. » (Rom. 13/11)

Ces mots font référence au choix entre le bien et le mal, en s’appuyant sur notre foi. A ce sujet, Emil Bock dit fort justement que la foi ne déplace pas seulement les montagnes, elle est une puissance qui recrée le monde.

Le discours de Paul est réellement adapté à notre époque, c’est peut-être la raison pour laquelle son existence refait surface actuellement, à travers de nombreux livres, documentaires, voyages etc.

Le but des chrétiens

C’est à dire de manifester son impulsion, en témoignant de Sa résurrection, pour évangéliser l’humanité, ceci afin de préparer le retour en Esprit du Christ dans le futur.
Paul et Barnabas se tournant vers les païens proclament leur but : « Car est tel l’ordre que nous tenons du Seigneur : Je t’ai établi lumière des Nations, pour que tu apportes le salut aux extrémités de la terre. » (Ac. 13 / 47)

Derrière ce but, le haut idéal du christianisme naissant est clairement formulé, Il s’agit de la retour du Christ en Esprit, qui aidera l’humanité à combattre l’Antéchrist, qui se manifestera en même temps : « Alors se révélera l’Impie, que le Seigneur Jésus détruira du souffle de sa bouche et anéantira par l’éclat de sa venue. » (II Thess. 2/8).

Paul annonce bien le retour du Christ en Esprit. C’est à l’être humain de se sauver lui-même, ce qui nécessite la foi, le retournement intérieur vers le monde divin. Si le Christ seul triomphait du mal, cela resterait l’action d’un Dieu extérieur à l’être humain, donc l’action de la loi divine, aux yeux de l’être humain. Or, les miracles se font désormais avec la main de l’homme, c’est à dire avec sa manifestation, sa collaboration avec Dieu, à partir du Christ révélé en lui. Alors il pourra lui-même terrasser le mal par le souffle de l’Esprit émanant de lui.
Paul parlant de la rencontre avec le Christ, tel qu’il la vécue lors de sa conversion :

« Nous nous sentons comme des citoyens des cieux, d’où nous attendons l’apparition salutaire du Seigneur Jésus-Christ. Il transformera notre humble corps de manière qu’il puisse devenir semblable à son corps glorieux, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toute chose ». (Phil. 3/20-21)

« Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ, en Dieu ; quand le Christ paraîtra, lui qui est votre vie, alors vous vous manifesterez avec lui dans la gloire, le rayonnement spirituel ». (Col. 3/3-4)

« Nous tous qui reflétons la gloire du Seigneur à visage découvert, nous serons transformés en son image, de gloire en gloire ». (II Cor. 3/18)

Le rituel de la Cène

Paul le visionnaire, grâce à son parcours spirituel et son érudition pouvait accéder à la sagesse, aux connaissances supérieures; et il fut l’un des rares apôtres à pouvoir toucher le sens profond de la Cène. En liaison avec le Christ, il instaura le rituel eucharistique pour que Son enseignement essentiel de la Sainte Cène, soit en quelque sorte immortalisé, afin qu’il ne soit pas trop déformé avec le temps et que les générations futures, puissent en redécouvrir le sens profond et secret.

« Moi, voici ce que j’ai reçu du Seigneur, et ce que je vous ai transmis. le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâce, il le rompit et dit: « ceci est mon corps, qui est pour vous, faites cela en mémoire de Moi. » Il fit de même pour la coupe, après le repas, en disant: «Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites cela, toutes les fois que vous en boirez, en mémoire de moi. » Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » (1 Cor.11 /23 – 26)

Avec Paul, nous touchons ici l’aspect sacré de la transsubstantiation. Constatant de nombreuses dérives dans la pratique du rituel, Paul intervient, pour redonner un sens sacré à l’Eucharistie, ce que nous pouvons comprendre, car il nous rappelle à la solennité de ce Jeudi Saint, qui préfigurait la mort et la Résurrection du Christ :

« Ainsi donc, mes frères, quand vous vous réunissez pour manger, attendez-vous les uns les autres. Si l’on a faim, qu’on mange chez soi, afin que vous ne vous réunissiez pas pour votre condamnation. » (1 Corinthiens 11 /33 – 34).

A ce sujet, Emil bock précise qu’à cette époque, on utilisait pour le sacrement du pain et du vin le mot grec agapè, qui désignait l’amour en germe dans la sphère du Christ. Dans le sacrement du pain et du vin, l’élément de l’agapè (…) nous plonge dans une ambiance de vénération, de méditation.
Une telle traduction poétique rend l’acte encore plus beau. Il ajoute : nous apprenons à respirer dans l’atmosphère lumineuse de la transsubstantiation.
Dans le chapitre de l’Épître aux Corinthiens, Paul considère la Résurrection à la fois comme la base et le but de la foi chrétienne :

« Si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi est notre foi ». (1 Cor. 15/14).

Le salut peut être reçu par l’homme jusque dans son corps et dans son sang. Que le cœur humain puisse brûler pour le Christ et son sang se réchauffer à la pensée du Christ, c’est cela, le mystère de la foi. (…) Il est présent dans l’âme de celui qui s’ouvre à Lui.

Les effets de la foi

« Par la loi, nul n’est justifié devant Dieu , puisque celui qui est juste par la foi vivra. » Galates (2,11)

La manifestation est l’accomplissement de la loi par la mise en pratique de la foi, de « Christ en moi« . Elle aboutit à plus d’amour pour son prochain et plus d’amour sur terre. Elle mène à l’avènement du Christ sur terre et dans le cœur des hommes. Ainsi, l’Amour précède la Liberté.

« N’ayez aucune dette envers qui que ce soit, sinon celle de vous aimer les uns les autres; car celui qui aime son prochain a pleinement accompli la loi. En effet, les commandements : tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, ainsi que les autres, se résument dans cette parole : tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait aucun tort au prochain; l’amour est donc le plein accomplissement de la loi. » (Romains 13, 8-10)

Conclusion

Malgré toutes les entraves vécues par Paul, nous pouvons observer ses actes et constater que la manifestation est conforme au but initialement fixé :

– Paul a entériné le passage de la loi à la foi en provocant l’organisation du 1er concile des apôtres à Jérusalem vers l’an 49 ou 50.
– Par la qualité de sa prédication, son don de prophétie, la puissance de rayonnement de sa foi, il a su amener des foules au Christ, en éveillant les gens par la force du Verbe, de l’amour christique : il a ainsi semé l’aspiration spirituelle pour le Christ dans le cœur des gens.
– Paul a instauré les bases du culte chrétien. Ce dernier a été ensuite réformé quelques siècles plus tard. Le culte chrétien que nous connaissons aujourd’hui n’est certainement qu’une pâle copie de ce qu’était le rituel du l’Eucharistie, et plus particulièrement celui du Pain et du Vin. En effet, nous découvrons dans l’ouvrage d’Emil Bock que, bien des choses dites Paul aux Corinthiens quant à l’ordonnancement de la vie cultuelle, ont été mal traduites et, de ce fait, mal comprises par les théologiens.

En allant vers les non-juifs et vers l’Europe, Paul a permis que le Christ soit universel. Sans Paul, le christianisme serait certainement resté une secte juive.

En résumé, une phrase d’Emil Bock synthétise à elle seule la vie de Paul :

– Par son destin et par son être tout entier, Paul était prédestiné, préparé à être le témoin, l’annonciateur de la Parousie du Christ. Il l’a vécue en premier, devant Damas.
– Partant de là, le but de sa vie et de son activité devait être d’ouvrir les yeux de ses contemporains pour la lumière qui déjà les entourait.
– Mais cela, il ne pouvait et ne devait le faire qu’en les menant sur le chemin qui peur permettrait de trouver en eux-mêmes la force de briser de l’intérieur la coquille qui leur cachait le jour.
– De par la volonté du destin, l’être et l’humanité de Paul étaient en avance sur l’évolution générale et constituaient une réalité prophétique. En exprimant ce qui est vivant et vrai pour lui-même, il dévoile de fait un avenir lointain.

© Rosa Lise


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