Elle chante. Dans le jardin de Zacharie,
Droite au milieu des lis qu’elle égale en splendeur,
Pour répondre au salut d’Élisabeth, Marie
En un cantique ardent laisse éclater son coeur.
Elle semble un roseau qu’embellit la tempête.
Le souffle surhumain qui, sous l’ancienne Loi,
Fit tonner ou gémir le verbe des Prophètes
S’est abattu sur Elle et parle par sa voix.
Fille du Roi-Poète, elle observe la règle
À laquelle obéit le rythme des Hébreux ;
Colombe, elle s’élance à la suite des aigles,
Et son vol virginal l’emporte plus haut qu’eux.
Toute humaine beauté devant toi s’humilie,
Pur chant d’amour jailli d’un sein qui porte Dieu.
Et dont chaque verset, pareil au char d’Élie,
S’élance vers le ciel en un essor de feu.
Elle chante. Un figuier sur son beau front se voûte.
C’est par un jour brûlant où le ciel est profond.
Élisabeth se tait, et Zacharie écoute
De tout son être ainsi que les aveugles font.
Cependant, invisible à la Vierge elle-même,
Au-dessus des grands lis qu’effleure son orteil
Un Chérubin accorde aux strophes du poème
Son luth éblouissant dressé dans le soleil.
Louis Mercier