Habite autrement ta vie !

Vivre l’évangile, ce n’est pas espérer une autre vie —vouloir être autre— mais vivre autrement son existence. Voilà ce que nous dit l’évangile : vis autrement ton désir, ton corps, ta maison, tes relations, tes émotions. Interprète autrement ton existence. Donne-lui de la hauteur. Occupe autrement ta vie à la lumière de l’évangile !

Le monde recherche efficacité et performance ?
L’évangile nous dit :
Habite ta vie avec l’audace de l’incertitude et de l’incomplétude.

Le monde t’invite à davantage de possessions ?
Habite ta vie en accueillant ta propre fragilité et le manque.

Le monde t’invite à faire ce que tu veux ?
Habite ta vie, en intégrant dans ton histoire ce que tu n’as pas voulu,

Le monde cherche de la visibilité et de l’éclat ?
Habite ta vie en cultivant une Présence intime et divine que personne ne peut te prendre.

Le monde voit le temps qui passe comme de l’inéluctable ?
Habite-le comme le lieu de maturation, d’espérance et de liberté.

Le monde recherche pouvoir et maîtrise ?
Habite ta vie avec un réel esprit du service qui n’attend rien en retour.

Bien entendu, tout cela ne changera pas la maladie, ni le cours des événements, ni les personnes qui nous entourent. Cependant, nos choix et chaque geste de bienveillance changeront nos relations, redonneront de la  dignité à ceux qui nous entourent.

Alors, pourquoi attendre encore ? Ne donnons pas aux événements le pouvoir de nous rendre fiévreux et sans espoir.

N’attendons pas d’avoir pour partager.
N’attendons pas d’avoir du temps pour servir.
N’attendons pas d’avoir réussi pour aider,
Ou d’être aimé pour aimer en retour…
Car, à force d’occupations extérieures, on en vient à oublier d’habiter sa vie intérieure, là où demeure Dieu.

Pour celui qui se met à l’école de cet évangile, la vie ne se vivra plus dans la peur et la défensive, la lutte fiévreuse contre les éléments étrangers. Elle se vivra dans la confiance, qui s’extériorise toujours dans le service. Car servir, c’est fondamentalement être libre. « Libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous » nous dit Saint Paul. Servir, c’est oser exister en accueillant ce que nous n’avons pas choisi. C’est triompher de son égoïsme et mettre son centre de gravité en l’autre, pour lui tendre la main et le relever.

Celui qui habite sa vie de la sorte découvrira la vraie liberté. Car lorsqu’on désire ce que l’on a, on a tout ce qu’on désire.

Fr. Didier Croonenbergs, 4 février 2018 à Profondeville


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