La foi est différente de la preuve. L’une est humaine, l’autre est un don de Dieu. C’est le coeur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. (Pascal)

Lors de ma nuit au Sahara, je n’ai rien appris. J’ai cru.

Pour évoquer sa foi, l’homme moderne doit se montrer rigoureux. Si on me demande : « Dieu existe-t-il ? », je réponds : « Je ne sais pas » car, philosophiquement, je demeure agnostique, unique parti tenable avec la seule raison. Cependant, j’ajoute : « Je crois que oui ». La croyance se distingue radicalement de la science. Je ne les confondrai pas. Ce que je sais n’est pas ce que je crois. Et ce que je crois ne deviendra jamais ce que je sais.

Face au questionnement sur l’existence de Dieu, se présentent trois types d’individus honnêtes, le croyant qui dit: « Je ne sais pas mais je crois que oui », l’athée qui dit : « Je ne sais pas mais je crois que non », l’indifférent qui dit : « Je ne sais pas et je m’en moque ».

L’escroquerie commence avec celui qui clame « Je sais ! ». ,qu’il affirme: « je sais que Dieu existe » ou « je sais que Dieu n’existe pas »; il outrepasse les pouvoirs de la raison, il vire a l’intégrisme; intégrisme religieux ou intégrisme athée, prenant le chemin funeste du fanatisme et de ses horizons de mort. Les certitudes ne créent que des cadavres

En notre siècle ou, comme jadis, on tue au nom de Dieu, il importe de ne pas amalgamer les croyants et les imposteurs : les amis de Dieu restent ceux qui cherchent, pas ceux qui parlent à Sa place en prétendant l’avoir trouvé.

La confiance du croyant offre une façon d’habiter le mystère. Comme l’angoisse de l’athée… Le mystère, lui, subsiste. Nous devons reconnaître et cultiver notre ignorance. (…)

L’humanisme pacifique coûte ce prix-là.


Eric-Emmanuel Schmitt (La nuit de feu)


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