Que j’ai commencé tard à vous aimer
ô beauté si ancienne et à la fois si nouvelle
que j’ai commencé tard à vous aimer !
Vous étiez au dedans de moi…
Mais, hélas, moi j’étais dehors…
C’était en ce dehors que je vous cherchais, sans le savoir…
Je courais avec ardeur après ces beautés changeantes et périssables
qui ne sont que des ouvrages…et des ombres de la Vôtre…
Pendant que je faisais périr misérablement
toute la beauté de mon âme
et que je la rendais par mes désordres, monstrueuse et difforme
Vous étiez avec moi, mais je n’étais pas avec vous…
Car ces beautés
qui ne seraient point du tout si elle n’étaient en Vous
m’éloignaient de Vous…
Vous m’avez appelé, Vous avez crié
Vous avez ouvert mes oreilles et mon cœur
en rompant, en brisant tout….ce qui me rendait sourd…
Vous avez chassé toutes les ténèbres
qui rendaient mon âme aveugle
au milieu de Votre Lumière même…
Vous m’avez fait sentir l’odeur incomparable de Vos parfums
et j’ai commencé à ne respirer que Vous
et à soupirer après Vous..
J’ai goûté la douceur de Votre Grâce…
Lorsque je serai uni à Vous
dans toutes les puissances et les parties de mon âme
je ne sentirai plus de travaux ni de douleurs
et ma vie sera toute vive et pleine de vie
lorsqu’elle sera toute pleine de Vous.
Saint Augustin