Seul un amour qui y a laissé sa vie peut nous révéler la vérité de l’amour


Que peut-on donner à celui qui nous offre son amour gratuit et désintéressé ? (…). Les déclarations d’amour sont toujours un peu pressées et pressantes : on a l’impression qu’elles servent avant tout à rassurer. Non, à l’amour offert, la réponse consiste à donner ce que l’on peut : la confiance. D’abord la foi, viendra ensuite l’amour. Or, le plus souvent nous commençons par donner ce que nous croyons avoir : l’amour ; alors que l’amour qui nous est offert n’exige rien de nous, pas même l’amour en retour mais juste ce que nous pouvons donner : un peu de confiance. Dans une relation, nous voulons mettre beaucoup d’amour mais c’est bien souvent pour en épuiser les réserves.

Alors que l’amour ne demande rien : il s’offre à la confiance. Il dit : fais-moi confiance, cela suffit pour commencer.

Au fur et à mesure que la confiance grandit, l’amour peut demander : me chéris-tu ? (…)

La vérité de l’amour est dans la passivité. L’amour vrai est accueil d’un amour offert, il n’a rien d’autre à faire.

Alors aimer consiste à y laisser sa vie. A ne pas la garder pour soi. Aimer, c’est se déprendre de soi grâce à l’amour qui est offert par l’autre et qui ne demande rien d’autre que l’abandon de la préoccupation de soi.

Nous nous demandions quel peut être le sens de la Résurrection ? Il nous faut maintenant répondre : La Résurrection est la révélation de ce que nous ignorerions sans elle : la vérité de l’amour. Seul un amour qui y a laissé sa vie peut nous révéler la vérité de l’amour.

Sans cette révélation, nous continuerions à penser que l’amour est une capacité que l’on possède et que l’on active quand on veut, si cela nous plaît, si l’autre nous plaît ou nous intéresse. Du coup, en prétendant aimer l’autre, on ne fait que s’aimer soi-même… Et on voudrait que l’autre m’aime de me voir m’aimer moi-même… Triste amour qui n’en a que le nom mais non la réalité.

Mais la Résurrection, me direz-vous ? Elle dit qu’un amour véritable est possible quand il accepte de passer par l’abandon de toute prétention à pouvoir aimer. L’amour vrai donne ce qu’il n’a pas : juste un peu de confiance qui lui vient de l’autre.

C’est la raison pour laquelle le sens de la Résurrection n’apparaît que pour celui qui croit. En dehors de la foi, la Résurrection reste un mystère obscur qui n’engage pas vraiment un rapport nouveau à la vie.

En revanche, celui qui croit se jette à l’eau et ce qu’il reçoit de la vie dépasse ce qu’il pouvait en attendre !

Père Dominique Collin, dominicain
3e dimanche de Pâques, le 5 mai 2019

 


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