Voici venu le temps où les feuilles jaunies
Jonchent le sol boueux de leurs débris épars
Dans le ciel alourdi de brumes infinies
Les lugubres corbeaux chantent de toutes parts.
C’est le temps où chacun rend un culte pieux
A ceux qu’il a connus quand ils étaient sur terre,
Où l’âme cherche une âme et scrute en vain les cieux…
Le temps qui voit fleurir le morne cimetière.
O Vivants d’autrefois, qui n’êtes que des ombres
En un monde inconnu jaloux de son secret,
Savez-vous que mon cœur empli de pensers sombres,
Garde de votre mort un éternel regret ?
O Morts, par qui nos jours s’écoulèrent si doux,
Nous vous gardons encor le meilleur de nous-même
Puisqu’aux heures de deuil qu’obscurcit un ciel blême
Nos souvenirs vous font vivants auprès de nous !…
Narcisse Sellier (1886-1966)
octobre 1932